Depuis l’apparition du Covid-19 dans nos vies et de tous les changements qu’il a générés, nous avons vécu une large palette d’émotions :  étonnement, tristesse, colère, joie… Certains les ont bien vécues, d’autres étaient submergés par ces émotions. Mais pourquoi sommes-nous autant touchés par ces événements, ces changements ? Qu’est-ce qu’une émotion ? Comment nait-elle et pourquoi ?

Dans une série de trois articles, je vous invite à partir à la découverte des émotions, à comprendre comment ce mécanisme profond et ancestral dirige notre vie et pilote chacun de nos actes Dans le dernier article, vous verrez comment vous pouvez agir, non pas sur vos émotions mais sur vos réactions aux émotions.

Qu’est-ce qu’une émotion ?

Le mot émotion vient du latin emovere qui signifie mettre en mouvement. L’émotion c’est la façon dont notre corps s’adapte à son environnement. C’est une réaction physiologique automatique de l’organisme à une sollicitation, un stimulus externe spécifique.

Tous les êtres du règne animal, éprouvent des émotions car sans émotion, pas de survie. La peur permet de fuir devant le danger, la joie de se reproduire et la colère de défendre son territoire.

Une expérience a été menée sur des souris auxquelles les chercheurs avaient inhibé la peur. Face à un chat, elles ne fuyaient plus… De même, c’est la peur qui nous pousse à regarder à gauche puis à droite avant de traverser la rue.

Alors, si vous en doutiez, voici une bonne nouvelle : il est tout à fait normal de ressentir des émotions face à un évènement, prévu ou imprévu.

Seconde bonne nouvelle, il n’y a pas d’émotion négative ! Puisqu’elles nous permettent de nous adapter, nos émotions ne peuvent être que positives. En revanche, une réaction inappropriée pourrait nous porter préjudice. Nous y reviendrons plus tard.

Une réaction réflexe universelle

Pour faire très simple, les émotions sont comme des réflexes qui prennent naissance dans le cerveau limbique. Quand une information extérieure est captée par nos sens, elle est transmise vers l’hypothalamus qui contrôle le système nerveux autonome. Ce système agit comme un accélérateur pour fournir à notre corps l’énergie nécessaire pour fuir si nous avons peur ou comme un frein pour mettre de la détente dans le corps si nous sommes joyeux.

Paul ECKMAN, psychologue américain a identifié six émotions primaires : la peur, la joie, la tristesse, la colère, la surprise et le dégout. Ces émotions humaines sont universelles. Que vous soyez Massaï, Inuit, Sioux Lakota, Picard ou Chtimi, vous éprouvez les mêmes émotions et elles se manifestent de la même façon sur votre visage. Ces émotions primaires se déclinent en de multiples émotions secondaires comme la crainte, l’inquiétude, la panique pour la peur. L’amertume, la contrariété, le mépris pour le dégout.

Ce que nous dit la peur

La peur, c’est la réponse automatique de notre corps face à une situation de danger. A l’origine, chez nos lointains ancêtres, il s’agissait d’un danger réel, celui de terminer au petit déjeuner d’un tigre à dents de sabre ou d’un ours des cavernes et dans ce cas la réaction la plus sage était la fuite, voire le combat…

Aujourd’hui, les dangers auxquels nous sommes confrontés ne sont plus des menaces pour notre vie. Plus de 90 % de ces dangers ne sont que des représentations mentales. Peur de parler en public, peur de changer de métier, peur de son manager…  Pourtant, les signes corporels sont les mêmes, d’où l’importance d’être attentif aux sensations de notre corps pour apporter une réponse appropriée. C’est ce que nous enseigne la sophrologie et nous y reviendrons dans un prochain épisode sur les émotions.

La peur n’est donc aucunement une marque de faiblesse, bien au contraire ! Face à une menace pour vous, votre égo, elle vous pousse à l’action, elle vous permet de vous dépasser donc de sortir plus fort.

Dans la situation de pandémie actuelle, la peur retrouve cependant sa place originelle car potentiellement notre vie et celle de nos proches peut être en jeu. La peur nous invite donc à nouveau au combat ou à la fuite par le biais des gestes barrières, de la distanciation sociale, du port du masque et du respect de nouvelles règles de vie.

Et je voudrais ici apporter une bonne nouvelle à ceux d’entre-nous qui ont peur et qui doutent d’eux-mêmes dans la situation actuelle. Non, ce n’est pas une marque de faiblesse ! Non, vous n’êtes pas un perpétuel inquiet ! Tout va bien pour vous ! Ce que vous ressentez est un réflexe sain et salvateur. Toutes les précautions que vous prenez n’ont qu’un but, préserver votre santé, votre vie et celle des autres.

Ce que nous dit la surprise

Pour certains, la surprise ne serait qu’une émotion secondaire liée soit à la peur, soit à la joie. Bien entendu, ce chien qui se jette sur vous le fait par surprise et bien entendu, cette joyeuse fête d’anniversaire l’aurait moins été s’il n’avait s’agit d’une surprise. Mais c’est là une vision réductrice de cette émotion.

Dans les faits, la surprise permet avant tout de mobiliser nos sens pour faire face à une situation inconnue. La surprise booste notre capacité d’adaptation, elle est un formidable moteur de créativité. Elle nous pousse à comprendre, inventer, développer des idées nouvelles.

Cette diversité de réactions face à la surprise a été illustrée par une étude menée sur des corbeaux, oiseaux très émotifs. A l’âge adulte, ceux-ci ont peur de ce qui est nouveau pour eux. Dès qu’on leur présente un objet qu’ils ne connaissent pas, y compris un morceau de carcasse animale dont ils sont pourtant friands, ils manifestent un comportement de peur. En revanche, la même étude, réalisée sur des jeunes corbeaux, montre un comportement tout à fait différent, voire opposé. Face à un objet nouveau, ceux-ci font preuve de curiosité, ils explorent l’objet avec insistance, le manipulent du bec… cette réaction face à la surprise leur permet au final de savoir s’ils sont ou non comestibles.

Nous aussi, nous avons été surpris par le virus, l’épidémie, le confinement … Après une légitime réaction de peur, cette surprise nous a poussé à nous adapter et inventer de nouveaux modes de travail, de nouveaux rituels sociaux, de nouveaux modes d’entre-aide.

La surprise fait ainsi le lien avec un principe de la sophrologie dont je vous ai déjà parlé et qui consiste à vire la réalité objective. Quelle que soit la situation, la surprise nous invite à nous adapter à cette nouvelle réalité pour satisfaire au mieux l’expression de nos besoins.

La semaine prochaine nous poursuivrons notre exploration des émotions au travers de la tristesse et de la colère. Nous aborderons également la différence entre émotions et sentiments et nous verrons que le port du masque pourrait bien perturber l’une des fonctions de nos émotions. En attendant, prenez soin de vous, gardez les pieds sur terre !

Nos émotions nous invitent à l’action – Épisode 1
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